Ces dernières semaines, je travaillais dans un bureau de production situé près de Hastings et Victoria.
C'est un peu à l'autre bout de la ville, un peu loin pour que j'aie la motivation de faire le trajet à vélo tous les jours. Heureusement, le bus #10 qui passe sur Granville m'emmène directement à destination, en 30-40 minutes environ...Le bus remonte South Granville, traverse Downtown puis tourne à droite sur Hasting et file tout droit vers l'est.
Du coup ça me donne l'occasion de voir la population évoluer à mesure que le bus avance. Depuis mon arrêt jusqu'à Robson St, ce sont des "jeunes cadres dynamiques" qui vont au bureau dans les "highrise" de downtown. Je prenais le bus à 7h45, un peu avant l'heure de pointe, mais cette section du trajet est blindée entre 8h et 8h30. Après Robson, le bus se vide en général au 2/3 et puis la population change drastiquement sur Hastings St. A force de traverser ce quartier, qui n'est pas tant dangereux que profondément triste, j'ai eu envie de savoir ce qui a causé le déclin d'un quartier autrefois florissant jusqu'à en arriver là.
Hasting St, c'est un des axes Est-Ouest principaux dans la partie Nord de Vancouver. L'axe traverse cette partie de la ville appelée Downtown East Side, située plus ou moins entre Cambie à l'ouest et Clark à l'est. Au-delà de Clark, on entre dans East Vancouver.
Située juste au sud de Gastown, anciennement le quartier des scieries, Hastings St, était il y a 50 ans, le quartier commerçant le plus vivant de la ville. La foule de travailleurs y circulait largement grâce au réseau de tramway.
Les grands magasins Woodward's et Eaton's était situés sur Hastings jusqu'à la fin des années 1960. Mais en 1958, la ligne de tramway est arrêtée. La bibliothèque à l'angle de Main St et Hastings se déplace sur Burrard & Robson et de nombreux business suivent. Le résultat est une baisse de l'affluence quotidienne de près de 10 000 personnes !
C'est un peu à l'autre bout de la ville, un peu loin pour que j'aie la motivation de faire le trajet à vélo tous les jours. Heureusement, le bus #10 qui passe sur Granville m'emmène directement à destination, en 30-40 minutes environ...Le bus remonte South Granville, traverse Downtown puis tourne à droite sur Hasting et file tout droit vers l'est.
Du coup ça me donne l'occasion de voir la population évoluer à mesure que le bus avance. Depuis mon arrêt jusqu'à Robson St, ce sont des "jeunes cadres dynamiques" qui vont au bureau dans les "highrise" de downtown. Je prenais le bus à 7h45, un peu avant l'heure de pointe, mais cette section du trajet est blindée entre 8h et 8h30. Après Robson, le bus se vide en général au 2/3 et puis la population change drastiquement sur Hastings St. A force de traverser ce quartier, qui n'est pas tant dangereux que profondément triste, j'ai eu envie de savoir ce qui a causé le déclin d'un quartier autrefois florissant jusqu'à en arriver là.
Hasting St, c'est un des axes Est-Ouest principaux dans la partie Nord de Vancouver. L'axe traverse cette partie de la ville appelée Downtown East Side, située plus ou moins entre Cambie à l'ouest et Clark à l'est. Au-delà de Clark, on entre dans East Vancouver.
Située juste au sud de Gastown, anciennement le quartier des scieries, Hastings St, était il y a 50 ans, le quartier commerçant le plus vivant de la ville. La foule de travailleurs y circulait largement grâce au réseau de tramway.
Les grands magasins Woodward's et Eaton's était situés sur Hastings jusqu'à la fin des années 1960. Mais en 1958, la ligne de tramway est arrêtée. La bibliothèque à l'angle de Main St et Hastings se déplace sur Burrard & Robson et de nombreux business suivent. Le résultat est une baisse de l'affluence quotidienne de près de 10 000 personnes !
Par ailleurs, les loyers augmentent dans les autres quartiers de la ville, rendant Downtown East Side le seul quartier abordable pour les foyers à faibles revenus.
A la fin des années 1960, le grand magasin Eaton se déplace dans le nouveau centre commercial Pacific Center, construit sur Granville St. Les commerces du quartier disparaissent donc les uns après les autres, se déplaçant plus au centre de Downtown, ou fermant carrément leurs portes.
La population du quartier se dégrade aussi lorsque dans les années 1970 des coupes budgétaires gouvernementales obligent les institutions psychiatriques de la régions à fermer, laissant littéralement à la rue leurs pensionnaires. Une nouvelle fois, les loyers de East Hastings sont les seuls que cette population "marginale" peut se permettre.
Une autre anecdote raconte que le Maire de Calgary en Alberta a un jour décidé d'offrir à tous les SDF de sa ville un billet de train aller-simple pour Vancouver, avec pour argument:
"Calgary en hiver, il fait -20, à Vancouver il fait +10..."
Argument plutôt convaincant quand on vit dans la rue, à la merci des intempéries...
A la fin des années 1960, le grand magasin Eaton se déplace dans le nouveau centre commercial Pacific Center, construit sur Granville St. Les commerces du quartier disparaissent donc les uns après les autres, se déplaçant plus au centre de Downtown, ou fermant carrément leurs portes.
La population du quartier se dégrade aussi lorsque dans les années 1970 des coupes budgétaires gouvernementales obligent les institutions psychiatriques de la régions à fermer, laissant littéralement à la rue leurs pensionnaires. Une nouvelle fois, les loyers de East Hastings sont les seuls que cette population "marginale" peut se permettre.
Une autre anecdote raconte que le Maire de Calgary en Alberta a un jour décidé d'offrir à tous les SDF de sa ville un billet de train aller-simple pour Vancouver, avec pour argument:
"Calgary en hiver, il fait -20, à Vancouver il fait +10..."
Argument plutôt convaincant quand on vit dans la rue, à la merci des intempéries...
Et puis, comme beaucoup de villes portuaires, Vancouver est une plaque tournante pour le trafic de drogue. Les problèmes de la drogue et de la prostitution augmentent rapidement dans les années 1980, et c'est aujourd'hui l'aspect le plus frappant de cette zone, connue à travers le pays comme le "code postal le plus pauvre du Canada".
Comme je le disais plus haut, le quartier n'est pas un coupe gorge, on peut s'y déplacer en journée ou même le soir sans se problème. Il y a d'ailleurs de nombreuses patrouilles de police qui veillent, surtout sur les rixes pouvant survenir entre junkies ou prostituées qui se battent pour leur coin de trottoir. En tant que "civilian" on est finalement assez transparent et hormis pour demander une pièce ou une cigarette, les pauvres diables qui zonent sur le trottoir sont assez indifférents.
Mais c'est une vision d'une incroyable tristesse que de traverser cette zone, de voir tous ces visages marqués, ces regards vides, cette pauvreté et misère absolue...surtout à quelques pâtés de maisons seulement du centre de la ville, des quartiers plus riches et commerçants.
Mais c'est une vision d'une incroyable tristesse que de traverser cette zone, de voir tous ces visages marqués, ces regards vides, cette pauvreté et misère absolue...surtout à quelques pâtés de maisons seulement du centre de la ville, des quartiers plus riches et commerçants.
D'après les études de la ville, le nombre de SDF qui dorment dehors a augmenté de 300-600 à 500-1200 par nuit depuis 2001...
La ville de Vancouver a mis en place un plan d'action pour essayer de réduire, voire même de supprimer les nombre de personne dormant dans la rue d'ici 10 ans, et il s'agit bien de trouver des solutions pour offrir de l'emploi, des logements abordables pour tous, et un soutien social à la population qui en a besoin, et pas juste d'envoyer les SDF hors de la ville, comme cela avait été évoqué - plus ou moins sérieusement - pendant les J.O.
La ville de Vancouver a mis en place un plan d'action pour essayer de réduire, voire même de supprimer les nombre de personne dormant dans la rue d'ici 10 ans, et il s'agit bien de trouver des solutions pour offrir de l'emploi, des logements abordables pour tous, et un soutien social à la population qui en a besoin, et pas juste d'envoyer les SDF hors de la ville, comme cela avait été évoqué - plus ou moins sérieusement - pendant les J.O.
Mais en attendant que la misère de Downtown Eastside soit éradiquée par les "powers that be", l'association Hope in Shadows a de son côté crée une initiative positive pour revaloriser le quartier:
Créée autour d'un concours de photographie, l'association propose chaque année aux gens du quartier de photographier leur environnement et d'offrir ainsi leur propre point de vue et vision du quartier. Parmi toutes les photos prises grâce à des appareils jetables noir et blanc, 12 clichés sont sélectionnés pour être imprimés dans le calendrier annuel et exposés à travers la province. Ce calendrier est ensuite lui-même vendu dans les rues de Downtown Eastside par des SDF ou des personnes à faible revenus.
En 2009 le calendrier s'est vendu à 13300 exemplaires...50% pour des ventes de ces photos, en calendrier ou seule, reviennent au photographe....
Créée autour d'un concours de photographie, l'association propose chaque année aux gens du quartier de photographier leur environnement et d'offrir ainsi leur propre point de vue et vision du quartier. Parmi toutes les photos prises grâce à des appareils jetables noir et blanc, 12 clichés sont sélectionnés pour être imprimés dans le calendrier annuel et exposés à travers la province. Ce calendrier est ensuite lui-même vendu dans les rues de Downtown Eastside par des SDF ou des personnes à faible revenus.
En 2009 le calendrier s'est vendu à 13300 exemplaires...50% pour des ventes de ces photos, en calendrier ou seule, reviennent au photographe....
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