Volunteering and Networking

Je me doutais bien qu'en arrivant ici, le boulot n'allait pas tomber tout cuit dans mon assiette (avec en prime un "Welcome, we've been waiting for you" en chocolat sur le dessus...)
Mais, j'avoue, secrètement, j'espérais que la recherche se ferait vite...

Appeler des gens pour obtenir un rendez-vous, me "vendre", ça n'est pas mon point fort...Mais avec l'entraînement on progresse, pas vrai ? Et du coup à défaut de gagner en expérience de travail (pour l'instant) je gagne en expérience de recherche...

La première étape, paradoxalement, ça a été de déterminer ce que je cherchais...J'en suis pas encore tout à fait sure, mais je commence à avoir une petite idée...Grâce au site www.skillset.org, j'ai réussi à déterminer que j'avais en particulier les qualifications d'une "Production Coordinator"...Alright, coordinateur de prod it is, donc j'ai commencé à orienter mes recherches dans cette direction.

Il y a deux ans, j'avais fait la rencontre de Krista Kelloway, qui travaillait à l'époque chez Brightlight Pictures, une des plus grosses boites de prod locale. Je l'avais prévenue que je comptais revenir, et à notre arrivée, je lui ai fait signe. Très gentiment, elle a accepté de me donner des conseils sur mon cv et sur où et comment chercher du travail.

A Vancouver, l'industrie du film est un peu répartie en deux parties. D'un côté, les grosses productions américaines, qui viennent "sous-traiter" leurs tournage en Colombie-Britannique. C'est en effet attractif pour eux car ils bénéficient d'avantages fiscaux (crédits d'impôts), le taux du dollar Canadien est avantageux, et la Colombie Britannique offre des conditions de tournage, des décors naturels et des professionnels de "high value"...
De l'autre il y a les boites locales, qui produisent des programmes "Canadiens" (beaucoup de documentaires, des téléfilms, des films de cinéma).

Donc d'une part les américains, ils viennent tourner à Vancouver des séries comme Stargate, Caprica (la suite de Battle Star Galactica), et des films aux budgets moins importants comparés à ceux qu'ils dépensent à Hollywood...

Pour travailler sur ce type de prod, il faut d'abord et avant tout faire partie d'un syndicat. On ne peut pas être embauché sans cela. Les syndicats ont signé des conventions collectives et s'assurent que les conditions de travail et les salaires minimaux sont respectés. Pour le job qui m'intéresse, il y a deux syndicats IATSE, le plus gros, et ACFC, le petit qui monte (au grand damn de IATSE). Pour devenir membre de l'un comme de l'autre, il faut déjà avoir de l'expérience du travail (480 jours pour IATSE.. 30 pour ACFC), et puis on envoie son inscription, les frais de 75$ ou 85$ et on attend que le comité se réunisse et vote ou non l'intégration du technicien dans le syndicat (ici on dit "union")...
J'ai donc envoyé mon dossier IATSE au mois de juillet, et j'attends le mois de septembre que leur décision soit prise.
Pour ACFC, il fallait que j'obtienne ce qu'ils appellent une attestation de BC Film Industry Orientation Course...un cours magistral de deux jours sur les bases à connaître de ce qui se passe sur un tournage, doublé du certificat WHMIS sur les substances dangereuses sur le lieu de travail (C'est fou ce qu'il y a comme produits chimiques potentiels dans la fabrication d'un film, surtout en construction et décor, mais aussi costumes, effets spéciaux, etc...je pense que moi dans mon bureau, tant que je me met pas à renifler mon typ-ex ou le toner de l'imprimante ça devrait aller...)

Bref, suite à deux examens "à livre ouvert" j'ai donc obtenu ce certificat, et déposé mon dossier chez ACFC ce matin...

Deuxième étape : commencer à se faire des contacts, et faire savoir aux gens que je suis là...
le site BC Film Commission, ainsi que celui de IATSE et de la Director's Guild of Canada (le syndicat des réalisateurs) affichent tous une liste mise à jour de manière hebdomadaire avec les prods en court ou sur le point de commencer...Donc je décroche mon petit téléphone et j'appelle, un par un (ou plutôt une par une car il s'agit essentiellement de femmes) les coordinatrices de prod référencées sur la liste...
" Bonjour, Je m'appelle Melanie Zaffran, j'arrive de France, j'ai 5 ans d'expérience en production et j'aimerais avoir la possibilité de venir me présenter à vous en personne..." Je vous la fais en simple et en français, mais en substance c'est mon petit topo...

Première constatation : Chez Stargate, Caprica, Psych, etc (les grosses machines qui tournent longtemps) l'assistant me suggère gentiment d'envoyer un cv, sans plus de conviction...En revanche dans les prods plus modestes, j'arrive en général à parler à la personne qui m'intéresse, qui me suggère soit de rappeler plus tard, soit de lui envoyer mon cv à elle directement, soit carrément de passer le lendemain matin (!)
Deuxième constatation : C'est toujours mieux d'appeler AVANT que le tournage ne commence, en début de prépa, lorsque tout est encore calme et que les gens sont plus disponibles...

Donc depuis disons début août, j'ai peaufiné mon petit "pitch" perso (avec des phrases récurrentes comme "get my foot in the door", "show my face", "I was tired of Paris I needed a change"...etc). J'appelle donc régulièrement des bureaux de prod et je me balade aux quatre coins de la ville pour "montrer mon visage" aux gens à qui j'ai parlé au téléphone...Je dis au quatre coins de la ville, car je me ballade littéralement du nord au sud et de l'est à l'ouest. Les studios sont évidemment situés à l'extérieur du centre de Vancouver, donc à 1h00 de la maison en moyenne, en transport en commun...mais bon, ça vaux la peine, et puis ça fait toujours un petit quelque chose de voir une flèche en papier "Stargate - Production Office" au détour d'un couloir...
La partie sympa c'est que tous les gens que je suis allée rencontrer m'ont tous accueillie très gentiment, me souhaitant la bienvenue et bon courage dans la recherche de mon boulot...la partie moins sympa c'est que tous me disent que c'est assez calme en ce moment, il y a beaucoup moins de boulot que d'habitude et beaucoup de gens qui cherchent, et en plus avec les JO qui arrivent en Février, beaucoup de prods ne vont pas démarrer tous de suite, pour ne pas avoir à s'interrompre pendant le bazar monumental des Olympiades...(une m'a même conseillée de chercher un boulot de serveuse...)
Mais tous gardent mon cv sous le coude, certains passent même des coups de fil devant moi pour savoir si leur copains cherchent pas une assistante, certains m'appellent pour me dire qu'ils ont transféré mon cv à untel ou untel, d'autres me donnent d'autres noms à contacter...All in all, ça prend du temps, mais ça avance...un de ces quatre, quelqu'un va m'appeler pour me proposer un boulot parce que mon cv aura circulé entre 5 paires de mains et sera arrivé jusqu'aux siennes...J'espère.

Mais bon, en attendant ce fameux coup de fil, pas question de se tourner les pouces (la déco d'intérieur ça va bien deux minutes)...Alors je me suis lancée dans le bénévolat. D'une part pour m'occuper, mais aussi pour rencontrer des gens, me "faire connaître", et puis sur le CV le bénévolat ça fait toujours bien, en particulier par ici..

Vous avez déjà pu voir quelques images du Queer Film Festival, ainsi que du tournage de court-métrage pour le Mighty Asian Movie Making Marathon. J'ai enchaîné tout de suite après avec le Fringe Festival, festival de théâtre sur Granville Island, qui a la particularité de faire une programmation sans sélection préalable. Premier arrivé, premier servi, et donc on peut y voir des spectacles très bien...comme d'autres...moins...C'est donc le bouche à oreille et le choix du spectateur qui fait (ou non) la popularité d'un spectacle.

Bref, je me suis donc inscrite pour faire du bénévolat, et je sais pas trop comment, je me suis retrouvée assistante de la Coordinatrice des Evénements. Je participe en particulier à l'organisation du Gala d'ouverture du Festival, avec Silent et Live Auction (Silent Auction ce sont des enchères où les participants inscrivent sur un bout de papier le prix qu'ils sont prêt à mettre pour l'objet, et à la fin on découvre qui a mis le plus et l'emporte. Live auction ce sont des enchères classiques...)

Me voici donc enfouie sous environ 120 donations de différents commerçants, artistes, festivals etc.. de Vancouver, avec pour mission d'organiser le suivi et le classement de tous les prix ( Ça va du tableaux d'art aux bijoux, aux places de spectacles ou passes pour des festivals, au bon d'achat pour des salons de beauté aux paniers garnis...) Ça me change de la billetterie du Queer, et je retrouve une ambiance de travail en bureau, avec une équipe des plus sympathique...Le bonus c'est le Gala (c'est le premier jour) et ma participation me donne droit à un passe d'accès gratuit à tous les spectacles du festival qui suivent ! Sans oublier les contacts que cela crée, et les références professionnelles locales ( à la différence des références que j'ai pour l'instant, qui sont mes employeurs français...)...

Autant dire que mes quelques participations canadiennes récentes se sont retrouvées illico presto sur le dessus de mon cv, histoire de montrer aussi que depuis que je suis arrivée je me bouge (depuis un mois en tout cas...)

J'en suis là donc, le gala d'ouverture c'est le 9 septembre, les prochains jours vont donc être occupés à son organisation et en parallèle je continue mon "démarchage" auprès des bureaux de prod...